On constate depuis plusieurs années que les usages multiples de la terre et des différentes ressources naturelles par plusieurs acteurs sans une définition claire ou une maitrise des règles constituent des facteurs déclencheurs de conflits dans la sous-région d’Afrique centrale. La dichotomie entre les législations nationales et les réalités que vivent les communautés met en exergue des attributions de droits à des acteurs extérieurs notamment les investisseurs et les agences de conservation sur des espaces sur lesquels les communautés revendiquent des droits coutumiers ; ce qui induit un risque élevé de conflits. La pression de plus en plus forte sur la terre et les ressources incite les communautés à faire connaitre leurs revendications pour une prise en compte de leurs droits, laissant de plus en plus place à des conflits généralisés et quelques fois violents.

  • Au Cameroun, les communautés de la vallée du Ntem se sont opposées à la volonté de l’Etat d’intégrer 66000 hectares dans son domaine privé et de les attribuer en concession à des compagnies camerounaises et étrangères. Les communautés s’y sont opposées en arguant que l’Etat ne pouvait être devenu propriétaire de leurs terres eu égard à leur présence antérieurs à sa création. Leur demande en annulation du titre foncier querellé a été approuvée et leur cause entendue. Il en est de même de la forêt d’Ebo qui aurait fait l’objet d’une attribution  en concessions forestières en 2020 sur une superficie de 140 000 ha mais qui a vu l’opposition des populations
  • Les communautés autours de la concession attribuée par l’Etat dans le Dja au Cameroun à la société Sud Hévéa fait face à une forte opposition des communautés qui estiment que leur espace vital a été attribué et n’est pas suffisant tant pour elles que les générations futures.
  • Au Gabon le projet GRAIN ou on parle de plus d’un millier d’hectares
  • Congo la concession d’Atama qui fait l’objet d’une violente résistance de la part des populations
  • La cohabitation entre éleveurs et agriculteurs pour lesquels les confrontations sont de plus en plus sanglantes avec de nombreux morts.

Deux constats se dégagent :

Les Etats n’ont pas suffisamment anticipé sur le risque de conflits et les conflits qui apparaissaient comme des épiphénomènes se généralisent et sont en passe de devenir incontrôlables

La capacité d’action des communautés a été totalement sous-estimée. Elles ont accru leurs moyens de résistance au fur et à mesure que l’espace devenait rare. Aujourd’hui, on note une résistance qui devient extrêmement violente qui risque de croitre au fil des années.

Nos axes d’intervention :

  • Attirer l’attention des pouvoirs publics à l’échelle nationale et sous régionale sur les risques liés à la gestion des ressources naturelles notamment les risques de conflits qui peuvent passer de conflits localisés à des conflits généralisés susceptibles de rompre l’équilibre dans les pays et dans la sous-région
  • Analyser des législations et des politiques à l’effet d’identifier les risques de conflits
  • Mettre en place une cartographie des risques de conflits le but étant d’arriver à déterminer à partir d’une cartographie quels sont les sites sur lesquels les conflits seront inévitables et essayer le plutôt possible d’attirer l’attention des différents acteurs. Cet outil qui a été testé dans la région de l’Océan au Cameroun peut aider à la prévention des conflits.
  • Accompagner les populations afin qu’elles expriment leurs revendication à travers des moyens pacifiques d’expression de leurs avis, de manière constructive et cohérente à travers des actions de plaidoyer et en faisant recours au droit
  • Former les étudiants et jeunes professionnels à la gestion des conflits
  • Mettre des acteurs d’origine géographique, de différents secteurs d’activités ensemble afin de favoriser une compréhension commune des perspectives, d’identifier des sources de conflits et des pistes de solutions.